La première mention d’une église à Fauvillers se trouve dans un acte citant la donation faite à l’abbaye de Molesme en Bourgogne, par Téobald et Azeka d’Useldange, de la 6ème part de l’église de Fauvillers. Ce document est situé entre 1076 et 1111 ; il recule dès lors de plus de 150 ans la datation connue jusqu’ici grâce à un acte signé par Lambert, le curé de l’époque, daté de 1263.
La patronne de l’église était sainte Marguerite d’Antioche. Le culte de cette sainte martyre du 3ème siècle n’apparaît en Occident qu’avec le retour des croisades. La paroisse a conservé plusieurs traces du culte très populaire rendu pendant des siècles à la petite martyre d’Asie mineure, notamment par les futures mères : une relique ; une statue taillée dans le chêne vers les années 1960 par Joseph Dumont de Witry ; très récemment, une rue à son nom ; depuis des temps « immémoriaux », une « fontaine » dont le site est aujourd’hui fort heureusement sauvegardé ; et la date de la kermesse villageoise, aux alentours du 20 juillet, date de sa fête. Marguerite d’Antioche reste la patronne de la paroisse.
L’église actuelle fut construite en 1877 sous le pastorat du doyen Knepper, à l’emplacement de l’ancien sanctuaire. Elle fut dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, dont le culte était devenu très populaire au 19ème siècle.
L’origine de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus à partir du 17ème siècle vient des révélations d’une religieuse visitandine de Paray-le Monial, sainte Marguerite-Marie Alacoque, suite aux différentes apparitions du Christ dont elle a été gratifiée entre 1673 et 1675. La solennité du Sacré-Cœur a été instituée par le pape Clément XIII en 1765 et étendue à toute l’Eglise catholique par le pape Pie IX en 1856. Elle est fixée au vendredi qui suit le dimanche du Saint Sacrement (2ème dimanche après Pâques).
« Il n’y a pas de plus grand amour, dit Jésus, que de donner sa vie pour ses amis ». Aussi, les premières générations chrétiennes ont-elles beaucoup médité sur la parabole du berger qui donne sa vie pour ses brebis. En se présentant comme le Bon Pasteur, Jésus avait voulu révéler à la foule qui l’écoutait « les pensées du cœur de Dieu », son dessein de miséricorde. Un jour viendrait où une autre image frapperait davantage encore les esprits, celle du côté ouvert de Jésus en croix : expression du plus haut amour, le côté transpercé de Jésus, d’où jaillirent l’eau et le sang, est aussi le signe de la fécondité de son sacrifice car il est la source d’où sont nés les sacrements de l’Eglise. Au cours des derniers siècles, par-delà le côté ouvert, c’est au cœur de Jésus lui-même que devait s’attacher la contemplation des chrétiens, comme un symbole « des merveilles de l’amour de Dieu pour nous ».
En contemplant le coeur du Christ, les uns peuvent entendre avant tout un appel à la réparation pour les péchés des hommes. D’autres viendront « puiser la joie aux sources vives du salut ». D’autres enfin, les yeux « fixés sur Jésus », se laisseront instruire par lui pour apprendre à le reconnaître dans leurs frères.
La dévotion au Sacré-Cœur a été très populaire dans nos régions jusque dans les années 60. Ses statuettes ou images trônaient dans tous les intérieurs des maisons rurales ardennaises, de la cheminée de la « belle » chambre jusqu’aux murs des chambres à coucher. Quelque peu boudée au lendemain du concile Vatican II par certains chrétiens la jugeant trop « sentimentale », voire mièvre, la dévotion a repris une nouvelle vigueur, notamment au sein des communautés nouvelles. Un autre facteur ayant contribué à la renaissance du culte est l’institution par le pape Jean-Paul II du dimanche de la « Divine Miséricorde » (2ème dimanche de Pâques), suite à la canonisation par lui de sainte Faustine Kowalska (1905-1938), cette religieuse polonaise elle aussi gratifiée d’apparitions et de révélations centrées sur la miséricorde de Dieu pour toute l’humanité. Un thème particulièrement cher aussi au pape François qui a voulu marquer son pontificat en décrétant une « Année Sainte de la Miséricorde » en 2016.
Roger Kauffman Philippe Moline
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