Un temps pour attendre…
Si l’Avent s’écrit avec un « e » c’est qu’il est la transcription d’un mot latin « adventus » qui signifie « avènement », « venue ». Les Italiens disent « avvento » ; les Anglais et les néerlandophones « advent » ; les Allemands « Adventzeit ». L’Avent est le temps de la venue.
La spiritualité chrétienne est fortement marquée par la dimension de l’attente, du soupir, du désir. Désir de Dieu, soupir de l’Esprit, attente du Christ. Le temps de l’Avent est une période privilégiée où ce désir est particulièrement évoqué, célébré, réveillé.
« Voici le temps du long désir
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres. » Hymne de l’office E201
…pour prier…
Décembre amène les nuits les plus longues et inaugure les premiers froids. En famille, c’est l’époque où on se remet à apprécier les soirées passées ensemble, bien au chaud. En ce temps de la vigilance et du désir spirituel, et tout spécialement en cette période si difficile de pandémie et, pour beaucoup, d’isolement, ne pourrions-nous pas inventer les moyens pour sauvegarder et intensifier notre Attente ? C’est le moment de réinventer, en famille, des temps de célébrations domestiques pour suppléer aux célébrations publiques qui risquent encore de nous manquer.
On pourrait songer à une réduction du temps de télévision et à une prière du soir ensemble. On pourrait, par exemple, au tout début de l’Avent, tresser une couronne faite de branchages et de feuillages de décembre dans laquelle on plante quatre bougies ; de semaine en semaine, lors de la prière du soir, on allumera d’abord une, puis deux, puis trois et enfin quatre bougies. La veille de Noël, les quatre bougies presque consumées diront la fin de notre attente et la plénitude de notre accueil à Celui qui vient. On peut bien sûr acheter une couronne d’avent chez les fleuristes, mais dans les familles avec enfants, cela peut aussi faire l’objet d’un bricolage familial. Des feuillets sont disponibles dans le fond des églises pour réaliser, avec des moyens très simples, ce montage ; on y trouvera aussi des propositions de prières pour accompagner l’allumage des bougies.
…et partager.
L’Avent n’a pas le caractère pénitentiel du Carême. Mais un cœur recroquevillé sur son égoïsme ne saurait guère être disposé à l’accueil du Seigneur qui vient à nous dans les deux sacrements : celui de l’Eucharistie et celui du pauvre. Choisir un mode vie plus sobre et plus respectueux aussi de notre environnement, offrir de la tendresse à nos proches, tendre la main vers le frère fragilisé, notamment en cette période de pandémie, participer à une opération de solidarité… autant de moyens pour « dépouiller nos mains souvent trop fermées sur nos richesses, pour les ouvrir à la rencontre » de l’Autre à travers l’autre.
Comment ne pas citer ici la collecte d’Avent organisée par « Vivre Ensemble » ; elle a pour thème cette année : « Pas de sécurité sans solidarité ». Le plus grand changement, ce n’est pas le masque, mais la pauvreté qui augmente. C’est la crise sociale engendrée par la crise sanitaire : des milliers de familles deviennent encore plus pauvres, plus vulnérables. « Entraide et Fraternité » soutien 85 projets de lutte contre la pauvreté en Wallonie et à Bruxelles.
A toutes et à tous, nous souhaitons un bon Avent, intérieur, priant et solidaire, et plein d’espérance malgré les sombres nuées de la pandémie qui obscurcissent encore le ciel.
Philippe Moline, Roger Kauffmann.
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